
Sam, la mi-trentaine, enfermé dans un quotidien morose par son emploi et sa relation, cherche un nouvel élan en renouant avec Paul, son père, un sculpteur reconnu, imprégné de sagesse des Premières Nations et de mystères.
« Rêver le rêve pour qu’il se réalise »
À travers les récits et enseignements de son père, écrits dans de petits carnets, Sam explore les symboliques et savoirs autochtones, se confrontant aux questions sur le passé de Paul et à l’importance du présent.
Le cheminement de Sam se dévoilera, au fil d’une histoire poignante de transmission, de découvertes et de réalisation de soi.
L’échéance de l’un permettra-t-elle à l’autre de cheminer vers un nouvel ailleurs ?
Né en Alsace, Philippe Maschinot a grandi au sein d’une famille aimante et soudée. Avant-dernier de la fratrie, il est le fils attendu et choyé. Sa petite enfance est bordée d’amour inconditionnel.
Durant sa scolarité, le français, l’histoire, la géographie, les grandes civilisations et les aventures y étant liées le passionnent. Rapidement, l’envie de découvrir le monde prend une place de choix en lui. C’est ainsi que ses vœux s’orientent, tout naturellement, vers l’ethnographie et l’archéologie. Hélas, c’était sans compter sur ses résultats en maths. Il est débouté de ses premiers choix et « aventurier » n’est pas un métier !
Dans la même période, le jeune footballeur, repéré par un centre de formation, se voit recalé, suite à la découverte d’une malformation au genou. Combien est complexe, pour cet adolescent de 15 ans, d’observer le jeu de cartes de ses rêves, s’écrouler.
C’est sans compter, sur sa capacité à se relever !
Et c’est en boulangerie qu’il se révèle comme un excellent apprenti puis très bon ouvrier.
Lors de son service militaire effectué dans les Alpes, la passion de la montagne naît en lui. L’évidence s’installe : « sa vie sera faite d’alternances entre activité professionnelle et sportive ».
À son retour, il met de côté la boulangerie pour reprendre des études et ainsi se former aux techniques de marketing et de gestion du commerce de détail.
Le monde de la mode s’ouvre, des stages suivis d’activités salariales lui font quitter l’Alsace pour d’autres régions de France. L’opportunité de rentrer dans un grand groupe verrier international lui permet de sillonner les routes et de promouvoir les produits sur de grands projets et chantiers. Puis, évoluer dans le milieu des médias, affichage et radio.
Un licenciement économique suivi d’un bilan de compétence, il entre à l’université pour préparer une licence en Sciences humaines.
Durant toutes ces années, le sport reste bien présent. Marathons, ultratrails, et ascension de quelques sommets sur la planète. Mais son genou récalcitrant et multiopéré l’amène à ralentir et c’est alors que la pratique de la randonnée devient évidente. De plus en plus longtemps et de plus en plus loin.
Durant ces longues marches, des besoins fondamentaux s’ancrent en lui, dont le ressenti physiologique des randonnées sur son métabolisme et sa capacité d’adaptation.
L’écriture devient alors une échappatoire quotidienne. Celle qui laisse une trace dans ses carnets de marche.
Un soir de bivouac, lors d’une longue randonnée, le visage de sa maîtresse d’école de primaire, lui apparaît, souriant, et ses mots encourageants rejaillirent de sa mémoire : « approfondis la découverte de la littérature et écris. Tes idées, récits et poèmes me touchent toujours. Surtout, continue ! ».
Ainsi naquirent quelques récits de voyages dûment documentés, alliant humour, tendresse et sourire. Ses carnets de marche devinrent alors mémoire de rencontres, de lieux, de temps.
Ce temps, il se l’octroie souvent, découvrant des chemins de sens, par étapes de quelques deux ou trois semaines de marche. À la fin des années 90, période où son père oublie jusqu’à son nom, il part sur le chemin de Compostelle depuis Strasbourg. Traçant son premier tiers d’itinéraire avec cartes et boussole, il comprend rapidement, le poids des choses, le regard des autres, l’isolement, la quête de soi, les questionnements, les rencontres aléatoires et marquantes, les aléas du temps…
Une rencontre importante, en Espagne, va changer le cours de sa vie et modifier le projet d’aller-retour qui se posait comme une évidence de cette longue marche vers l’ouest. De ses cent jours de marche, il écrit, monte un diaporama d’images, le tout accompagné de commentaires et de musiques appropriées. Durant ces nombreuses conférences, ce support lui fut très utile, mais c’était avant de partir.
Oui, partir là-bas, immigrer au Québec, retrouver la rencontre de son chemin, loin des grands centres urbains, au bout d’un long ruban d’asphalte, en région éloignée. Là, il exerce dans le développement des pistes cyclables, dont un grand sentier récréotouristique.
Avec la marcheuse devenue sa compagne, ils font le pari d’une petite boulangerie. Petite, pensaient-ils, c’était sans compter sur la véritable success-story à la mode nord-américaine. L’entreprise fut honorée à maintes reprises, dans sa ville et dans toute la province. Considérée comme une des meilleures boulangeries-pâtisseries du Québec plusieurs années durant. Ces honneurs arrivèrent jusqu’en France ou le ministre de l’Agriculture lui remit en 2011 les insignes de Chevalier du Mérite Agricole « pour votre contribution remarquable au rayonnement de la gastronomie française et à la renommée de notre art de vivre au Canada ».
Durant ce temps, l’écriture reste présente dans sa vie, même si elle se veut plus professionnelle, en écrivant tous les textes de l’entreprise ainsi que les communiqués de presse, mais aussi plus personnelle lors de courriers adressés à ses amis restés en France. Ses lettres et autres documents, ont la caractéristique d’être toujours écrits à la plume, comme d’un autre temps et pourtant si actuel.
Son espace-temps personnel se restreint, tant l’art de la boulangerie et la gestion de l’entreprise prennent de la place. La littérature s’éloigne, ainsi que les grands voyageurs, seule la presse professionnelle reste présente.
Un matin, aux urgences cardiaques, son corps le lâche. Une myocardite et un épuisement sévère ont eu raison de son optimisme. Le moment des choix s’impose à lui.
Dont celui d’expliquer à son fils, que sa décision de partir devient une priorité. C’est avec des mots remplis de sincérité qu’il argumente son besoin vital de se retrouver en allant marcher. Ce fils chéri, du haut de ses neuf ans, lui lança alors un formidable : « Go papa » tout en étant conscient de la séparation de plusieurs semaines qui s’amorçait. Aujourd’hui encore la gratitude du père pour son fils est toujours présente.
Et le voilà parti pour revenir de Compostelle, faire le chemin à l’envers des marcheurs, pour se sauver de lui et des autres. Certains parleront de fuite, lui de courage. Seul avec son vieux sac à dos, sa tente usée et ses gamelles cabossées, remisées tant de temps au fond d’un placard, il redécouvre le pas, l’horizon changeant, l’aléatoire et l’instinct.
C’est 4500 km et 172 jours plus tard qu’il pose son sac en Alsace, après avoir traversé trois pays, deux chaînes de montagnes et user quatre paires de chaussures. « Cela va bien au-delà de la performance », a-t-il écrit en revenant. Et c’est sa philosophie de vie qui s’est enfin révélée.
Son intuition et sa force mentale lui ont permis de dépasser les obstacles que la vie posait sur son chemin. Depuis toujours, c’est avec courage et volonté qu’il a transformé les souffrances physiques et émotionnelles, en expériences de dépassement de soi et d’évolution personnelle.
De retour au Québec, changé à jamais, il décide de rester le seul maître de son destin. Son entreprise ne le laissant plus entrer sauf pour y retrouver les mêmes symptômes de mal être que ceux qui l’avaient poussé à partir, il tourne définitivement cette page de vie.
Puis vient le temps du témoignage, des conférences sur la prévention de l’épuisement professionnel et son long chemin de guérison qui s’ouvrent à lui. Il sillonne le Québec, tant auprès du public que de l’entreprise. En France « le passeur d’expériences » qu’il est devenu, continue de témoigner.
C’est en relisant ses carnets de marche qu’il entrevoit la possibilité d’écrire, enfin, son premier roman, « Le Poids du Sac ». C’est dans un style volontairement simple et sincère, publié en 2019, autoédité en France et édité au Québec, que ce livre rencontre son public et que l’émotion s’exprime à travers de beaux témoignages. Il est le reflet d’un chemin de vie et d’évolution qui trouve une résonance chez le lecteur en fonction des expériences de vie de chacun.
Enfin écrire pour publier !
Faisant confiance à son pas, à sa plume et à son instinct, il aborde chaque expérience de marche et d’écriture, en veillant à privilégier son rythme, ses pauses contemplatives sur le monde qui l’entoure. Toujours en lien profond avec la joie de découvrir de nouveaux horizons.
L’équilibre entre le corps et l’esprit, pour avancer par sa marche, est devenu sa façon de vivre. L’inspiration au fil des pas s’installe et sa légitimité à publier s’ancre en lui.
Ses différentes publications sur son site internet et sur les réseaux sociaux lui valent nombre de commentaires et d’échanges divers.
Un long voyage, dans l’Ouest canadien, lui ouvre la rencontre avec une part d’histoire qui sera l’élément déclenchant de son prochain roman.
Un carnet de notes dans son sac, une plume légère pour écrire, un pas vers l’avant, au jour le jour, ouvert et respirant le monde, tentant de saisir le sens de ce qu’il est et vit, Philippe, sait transmettre et partager son expérience, en homme libre et en marche.
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